MARLEEN & DEREK 1/2

La bibliothèque – Californie. Comté de Ventura. À l’est de Santa Barbara : en suivant une route dans les collines, on arrive à Ojai, petite ville thermale où vivent, Marleen et Derek. Dans leur maison, à notre habitude, on concentre notre attention sur les bibliothèques. Deux d’entre elles ont été récupérées dans un atelier qui pratique du « upcycling ». Marleen nous éclaire : « Ils récupèrent toutes sortes d’objets et des meubles dont les gens se séparent et ils les réparent, les retapent, les embellissent. Parfois, ils en changent même l’utilisation d’origine, pour les revendre ensuite. » Le « upcycling » c’est un état d’esprit. « Nous sommes tous deux sensibles à l’environnement, et on essaie de réduire l’empreinte qu’on laisse derrière nous en consommant de façon intelligente et simple. » Marleen et Derek, tous deux agents littéraires, se sont rencontrés grâce aux livres. « Ils sont des éléments importants dans notre maison comme dans notre vie ! »

Le classement, (« s’il y en a vraiment un ! » précise Marleen), a évolué plutôt de manière organique. « Je dirais que c’est par genre : livres de cuisine, de voyage, littérature, livres en langue étrangère, livres sur l’entrepreneuriat… mais ça ne colle pas toujours. Il arrive qu’on passe pas mal de temps à chercher un livre spécifique dans l’une ou l’autre bibliothèque » reconnait-elle.

Lectures – Marleen et Derek sont deux lecteurs voraces. « On est toujours en train de lire, et on a tendance à lire plusieurs livres à la fois. » C’est le métier qui veut ça. Ils lisent les livres qu’ils représentent comme agents, mais ceux aussi que des amis leur recommandent où dont on parle dans la presse. Ils sont toujours attentifs à la découverte. Cet appétit fait que la liste des livres à lire s’allonge sans cesse.

Derek préfère la non-fiction, ce qui ne l’empêche pas d’aimer se plonger dans des romans de temps en temps. Marleen a un penchant pour la littérature. À l’instar de Derek, elle aime aussi les documents. Suffit de regarder leurs tables de nuit. Marleen explore la sienne : « Dans mon iPod, j’ai le livre audio de Sapiens de Yuval Noah Harari. Et là (elle fait le tri) : Barbarian Days de William Finnegan (en version originale), Men without Women de Haruki Murakami en néerlandais (Marleen est hollandaise !), The Sympathiser de Viet Thanh Nguyen (version française) et The Entrepreneur Rollercoaster de Dan Hardy (en anglais aussi). Joli mélange !

On passe de l’autre côté du lit, pour explorer la table de chevet de Derek : Tools of Titans de Tim Ferris, The Wisdom of No Escape de Pema Chödrön, Narcissus and Goldmund de Hermann Hesse, Open d’Andre Agassi et Stumbling upon Happiness de Daniel Gilbert

Il y a les livres qu’on voit, sur les rayonnages ou les tables, mais il y a ceux qui se dérobent à l’œil du visiteur et qui habitent pourtant ceux qui les ont lus. Des livres fondateurs. Qui nourrissent. Qui apaisent. Qui ont marqué un moment d’une vie de lecture. Marleen cite les livres de Virginia Woolf, notamment To the lighthouse, « J’aimerais le relire, ce que je n’ai pas fait depuis la fac. Je pense que j’en aurai une autre lecture maintenant. » Elle évoque aussi la série de romans graphiques L’arabe du futur de Riad Sattouf dont elle représente les droits de traduction dans le monde entier. « Ces livres marquent un vrai tournant dans mon activité d’agent. De nombreuses portes se sont ouvertes grâce à eux, et en plus je les adore en tant que lectrice ! » Pour Derek plus difficile de faire un choix : chaque livre lu marque son lecteur. Il cite finalement Siddharta de Hermann Hesse et The Awakening of Intelligence de J. Krishnamurti.

Débuts – Marleen et Derek n’ont pourtant pas toujours lu. Pour Marleen, le déclic s’est fait au lycée grâce à son professeur de lettres. « Personne ne l’aimait et il semblait n’aimer personne, mais malgré tout j’ai été emballée par ses cours sur les grands écrivains de langue néerlandaise comme Multatuli, Gerard Reve, Louis Paul Boon, W.F. Hermans. » Comme quoi, on peut devenir lecteur de façon inattendue. Derek confie : « Moi j’ai commencé à lire après la fac, alors que je prenais une année sabbatique pour voyager autour du monde. » Qui a dit que la lecture était une activité sédentaire ?

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