MARIE KOCK

Bibliothèque – Chez Marie, pas de pile de livres dans les coins, pas d’étagères de livres dans chaque pièce. Uniquement une grande bibliothèque qui contient tous ses livres. Elle a été faite sur mesure par son frère en cadeau d’anniversaire. « Il est arrivé un matin avec ses planches, a pris les mesures et dans la journée, c’était fini » raconte Marie qui mesure sa chance.  Les livres ont ensuite trouvé leur place. Ceux qui sont ici ont passé la sélection drastique qu’elle a fait subir à sa bibliothèque en déménageant il y a quelques mois. « Je me suis séparée de plus de cinq cents livres pour ne garder que ceux qui me font du bien, et je ne soupçonnais pas la joie que cela me procurerait. » La règle appliquée a été la suivante : « les livres que j’aime, ceux dont je me souviens, ceux que je recommanderais. En somme que de bons souvenirs. »  Quelques-uns ont une histoire différente. Marie pense par exemple à La montagne magique de Thomas Mann qu’elle a essayé de lire à quatre reprises sans jamais réussir à entrer dedans. Elle le garde dans l’espoir d’une nouvelle tentative. Autre exception : Ivanohé de Walter Scott, jamais lu et ne semble pas en passe de l’être. Si ce livre est encore là c’est au nom d’un souvenir d’enfance. La première fois que Marie est allée à Paris, enfant, un bouquiniste lui a offert sur les quais ce livre dans une version reliée. « Cette sorte de grimoire, dans mes yeux d’enfant, m’avait paru si précieux. »

Étagères et hasard – Marie a mis de côté l’idée d’un classement figé. On trouve plutôt des étagères à thème. L’une d’elle est la plus importante. Comme un autel, celle qui contient les livres préférés. Sa place n’est pas un hasard : depuis la banquette sur laquelle Marie s’installe souvent, c’est cette étagère qu’elle voit le mieux, qui est dans son angle. Ainsi la vue est toujours belle. Marie attrape deux romans essentiels : Et quelques fois j’ai comme une grande idée de Ken Kesey et Soundtrack de Hideo Furukawa. Les deux ont été des expériences de lecture très physiques. Et ce sont aussi les livres que Marie a le plus offert. « Mais j’ai un peu arrêté car j’ai réalisé que lorsque la personne à qui je l’offre n’aime pas le livre, cela me déstabilise. » Pas au point de remettre en question une amitié. Quoique. « Bref, je ne prends plus le risque. »

La visite de la bibliothèque continue. Il y a l’étagère dédiée aux livres écrits par les amis. Puis celle pour la science-fiction, très importante. Une des grandes passions de lecture de Marie qui a commencé avec Niourk de Stefan Wul, premier livre post apocalyptique lu à l’âge de douze ans. Beaucoup d’autres ont suivi. Également Dune de Frank Herbert, lu vers quinze ans sur les conseils de son père qui est celui qui lui a transmis ce goût pour la science-fiction.

Depuis l’étagère qui contient les carnets de travail de Marie, nous passons rapidement à celle dédiée aux livres sur le yoga : ce sont ceux dont elle s’est servie pour ses recherches pour son premier livre, Yoga, une histoire-monde publié à La Découverte en 2019. C’est plus une enquête qu’un essai que Marie a écrit en tant que journaliste mais aussi, pratiquante et professeure de yoga. Elle a utilisé le même « je imparfait » pour son deuxième livre Vieille fille (La Découverte, 2022) un récit personnel mais aussi sociologique qui déconstruit le mythe de la vieille fille et propose une hypothèse :  il est peut-être possible d’inventer d’autres manières de vivre, pour soi et avec les autres, de trouver l’amour ailleurs, autrement.

Et Marie est de celles qui savent ouvrir de nouvelles portes. En témoigne une étagère de sa bibliothèque principalement consacrée aux oiseaux, une passion assez récente, née pendant les confinements. « C’est ce qui m’a sauvé, découvrir et apprendre au sujet des oiseaux, cette nature qui est partout et qu’on ne regarde pourtant pas assez. » Juste à côté des oiseaux sont rangés les livres sur le Yi Jing (ndlr : outil d’aide à la prise de décision). Et ce n’est pas anodin car dans le Yi Jing, nous explique Marie, le hasard est symbolisé par un oiseau. Non pas, parce qu’un oiseau se poserait n’importe où, mais plutôt parce qu’il se pose toujours au bon endroit.

Lectures du moment – Ce sont peut-être les oiseaux et leur liberté qui ont conduit Marie à ses lectures les plus récentes. « Dernièrement, en littérature j’ai eu envie de confins, de vide, je ressens un besoin de fuir la surpopulation. » Alors elle lit et adore Des nouvelles du monde de Paulette Jiles et Les vivants de Annie Dillard qui se passent tous les deux aux Etats-Unis au 19ème siècle et sont des romans de pionniers, d’aventuriers, qui dépaysent, qui emmènent loin. Dernier conseil de lecture: Les marins ne savent pas nager de Dominique Scali, publié à la dernière rentrée littéraire que Marie a trouvé remarquable, à la fois un roman d’aventure mais aussi un faux roman historique façon utopie maritime et politique.

Quelques adresses :

A Paris :
la librairie La Petite Egypte, 35 rue des Petits Carreaux, 75002.

 

A Marseille :
la librairie Histoire de l’œil, 25 rue Fontange, 13006
pour lire, le café Le Belleville sur Mer, 18 bd Montricher, 13004
le Couvent Levat, 52 rue Levat, 13003