SEVERINE

L’appartement de Séverine a un air de cabanon en bord de mer. En un coup d’œil, il raconte une partie de son histoire : une grande bibliothèque – pour une ancienne libraire c’est normal – et beaucoup de plantes qui laissent deviner sa passion pour la botanique puisque Séverine s’est reconvertie en paysagiste. Pour les origines bretonnes, en revanche, il fallait creuser un peu plus.

A quoi ressemble ta bibliothèque et quel classement pour celle-ci ? La bibliothèque vient de son appartement parisien où elle avait été faite sur mesure par des amis ébénistes. « Elle a dû être recoupée et complétée avec du bois de coffrage pour s’intégrer ici. » Le classement des livres par ordre alphabétique et par genre ne laisse aucun doute sur son passé de libraire chez Superhéros à Paris. Seule concession ici : les grands formats et les poches sont mélangés.

Il y a aussi un coin consacré aux livres à lire. Et une étagère pour les livres de « travail », c’est à dire tout ce qui touche au végétal.

Deux romans importants ?
Journal d’un monstre de Richard Matheson (Pocket), découvert grâce à un ami libraire. C’est de la littérature fantastique – « une littérature qui n’est plus aujourd’hui un sous genre, mais toujours très politique ». C’est un texte court sur la grande solitude que peut créer le sentiment d’exclusion chez un enfant qui est perçu comme différent et la colère qui peut en découler ».
La porte du fond de Christiane Rochefort (Grasset). C’est le dernier roman de l’auteure – qui est décédée en 1998 et a aussi publié Le repos du guerrier, adapté au cinéma par Roger Vadim avec Brigitte Bardot. C’est un livre très cru, qui parle d’inceste, sans mélodrame, sans victimisation. « On pourrait la mettre entre Annie Ernaux et Virginie Despentes . La porte du fond est un grand roman sur la notion de consentement dont elle parlait déjà en 1988. »

Quels rapports entretiens-tu avec les livres et la lecture ?
« Je les prête facilement mais de manière désorganisée. Donc je les perds. Mais cela n’a pas d’importance : le but de cette bibliothèque et de son classement, c’est de facilement retrouver les livres aimés et de les prêter aux gens qui passent à la maison. » Séverine abîme aussi ses livres, elle casse le dos de ceux-ci. Ça vient peut-être de l’enfance ». Elle était une petite fille qui lisait tout le temps, notamment en cours de maths, sur ses genoux, avec le livre bien aplati, bien ouvert, pour passer inaperçu sous le bureau.
Aujourd’hui encore, elle lit tous les jours et ne peut pas s’endormir sans lire. « Ce qui me vaut de lire de tout, même des romans de gare ou à l’eau de rose. » Il n’y a pas d’élitisme dans la lecture du soir chez Séverine qui se souvient d’ailleurs très précisément de la première fois qu’elle s’est faite gronder par ses parents : « pour une lumière qu’il fallait éteindre alors que je lisais Oui-Oui et la gomme magique ! »

Un conseil pour nos plantes ?
« S’inspirer de ce qui pousse naturellement là où vous vivez ! »

Deux adresses de librairie.
Le Monte en l’air à Paris, des mots, des images, des expos et des rencontres passionnantes (2 rue de la Mare, 75020).
La vie devant soi à Nantes (76 rue Joffre, 44000), tenue par Charlotte Desmousseaux, « une super libraire, dévouée à la littérature contemporaine ».