PAULINE P.

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Bibliothèque et reflet – « Votre visite a déclenché chez moi une réflexion, nous confie Pauline alors que nous sommes installées sur son lit, face à sa bibliothèque, dans son petit appartement parisien. Je me suis mise à interroger ma bibliothèque… la pauvre, elle n’avait rien demandé ! » s’amuse-t-elle. On s’excuse – auprès de Pauline et de sa bibliothèque – car c’est nous qui avions demandé. « En fait, ma bibliothèque me ressemble. Pourtant, jamais je ne la regarde en miroir, cela me rappellerait sans cesse à mon retard de lecture » Là où d’autres se réjouiraient de tous ces livres non lus encore à découvrir, Pauline, elle, culpabilise : « Je suis une grande velléitaire alors quand ma bibliothèque se met, elle aussi, à me le rappeler, eh bien je panique un peu. » C’est dire comme une bibliothèque révèle. « C’est à se demander pourquoi on va chez le psy : le transfert opère même face à des étagères ! » s’amuse-t-elle. Sa bibliothèque est aussi une représentation tronquée d’elle-même : « Il y a là un condensé de mes cinq dernières années et quelques restes de ma vie à Londres. Quant à ma vie antérieure, elle est disséminée. » Une partie s’empoussière dans sa chambre d’adolescente. Une autre dans un coffre, au fond d’une cave, du côté du Père Lachaise : « Peut-être que des rats les ont tous grignotés. Ou qu’un voisin les a volés… Si c’est le cas, ils sont probablement mieux dans sa bibliothèque qu’à pourrir dans le noir et l’humidité – je l’en remercie donc ! »

Lectures – Pour évoquer les livres qu’elle a aimés, Pauline a besoin de repartir du début, ou presque. « Mon grand amour adolescent, c’est l’antihéros par excellence créé par Daniel Pennac : Benjamin Mallaussène. » Puis il y a eu Camus. « J’y suis arrivée par son théâtre que beaucoup disent mauvais, mais moi, je l’aime ! ». Quelques autres grands livres l’ont marquée – même si Pauline reconnaît les avoir peut-être lus trop tôt : Vie et Destin de Vassili Grossman, Voyage au bout de la nuit de Céline, Belle du seigneur d’Albert Cohen – « Alors que je tombais amoureuse, c’est louche ! », précise-t-elle. Parmi les auteurs plus contemporains, elle aime lire de jeunes auteurs qui ont une approche sensible de la langue. Elle cite Julien Delmaire (Georgia), Pierre Ducrozet (Eroica). « Il faut aussi découvrir le traducteur Pierre Demarty, qui a publié son premier roman En face, l’an dernier. D’ailleurs, sa dernière traduction de Desmond Hogan est magnifique ! ». Laurent Mauvignier a aussi sa place dans la bibliothèque et dans son cœur : « Je l’ai découvert avec Dans la foule. Et j’ai adoré Ce que j’appelle oubli, entendu par la voix de Podalydès sur la scène de la Comédie Française. C’était splendide ! » Et puisque nous parlions de velléité, Pauline a-t-elle des projets de lecture pour les semaines à venir ? « Oui, évidemment ! Je compte lire La Petite femelle de Philippe Jaenada – et pas seulement parce que je partage le même prénom que son héroïne (ndlr : Pauline Dubuisson), La cache de Christophe Boltanski. Et la biographie de Bach que mon professeur de violoncelle m’a offerte. »

Violoncelle – Car Pauline joue du violoncelle depuis l’âge de sept ans et fait partie d’un orchestre amateur. C’est dans cette même pièce qu’elle s’y exerce le plus souvent possible. « Je me mets là, dit-elle en nous montrant le pied de son lit. Je me sers de la lumière de la salle de bains pour y voir mieux. » Pauline nous a confié adorer Sempé. En l’imaginant, penchée sur son instrument, à quelques centimètres de ses livres, sous les toits parisiens, éclairée par la lampe de la salle de bains, on pense que l’image ne déplairait pas au dessinateur.


QUELQUES LIVRES À EMPRUNTER À PAULINE :

Au bonheur des ogres de Daniel Pennac, Gallimard, 1985 : Côté famille, maman s’est tirée une fois de plus en m’abandonnant les mômes, et le Petit s’est mis à rêver d’ogres Noël. Côté cœur, tante Julia a été séduite par ma nature de bouc (de bouc émissaire). Côté boulot, la première bombe a explosé au rayon des jouets, cinq minutes après mon passage. La deuxième, quinze jours plus tard, au rayon des pulls, sous mes yeux. Comme j’étais là aussi pour l’explosion de la troisième, ils m’ont tous soupçonné. Pourquoi moi ? Je dois avoir un don…

Dans la foule de Laurent Mauvignier, Minuit, 2009 : Jeff et Tonino venus de France, Geoff et ses frères de Grande-Bretagne, Tana et Francesco qui viennent de se marier en Italie, mais aussi Gabriel et Virginie à Bruxelles, tous seront au rendez-vous du « match du siècle » : la finale de la coupe d’Europe des champions qui va se jouer au stade du Heysel, ce 29 mai 1985.
La jalousie, le vol des billets, l’insouciance d’une lune de miel : plus rien n’aura d’importance après le désastre.
Excepté de retrouver Tana.

Eroïca de Pierre Ducrozet, Grasset, 2015 : Jean-Michel Basquiat, devient ici, pour la première fois, un personnage de roman. Pierre Ducrozet suit le parcours d’un garçon qui se rêve héroïque dans un monde qui ne l’est pas. Rock, hip-hop, clubs de l’East Village et galeries de SoHo ; dans ce New York en pleine renaissance émerge une nouvelle scène artistique autour de lui, de Keith Haring et d’Andy Warhol. Basquiat danse, peint, cavale, et devient, malgré lui, le symbole des années 80. Au-delà de la légende, Eroica raconte le combat d’un artiste contre le monde, contre ses passions destructrices, contre son succès même, le dangereux succès. Il a le génie, il a la grâce. Aura-t-il le courage ? Un personnage fascinant dans une ville en ébullition ; une épopée contemporaine.

Georgia de Julien Delmaire, Grasset, 2013 : Georgia est une chanson. Georgia est une jeune femme perdue. Georgia est un roman d’amour : deux êtres à la dérive se rencontrent, se racontent, dans une parenthèse en clair-obscur, au cœur de la ville, ici et maintenant. Venance écoute, Georgia parle, et de sa voix jaillissent des paysages. L’enfance résonne avec les derniers accords de Joy Division.

En face de Pierre Demarty, Flammarion, 2014 : Un homme, un jour, sort de chez lui, traverse la rue, et entre dans l’immeuble d’en face. Il n’en sortira plus – ou presque. C’est le début d’un étrange voyage immobile, qui l’entraînera dans des rêveries de grand large et des épopées insensées. À quoi ressemble le monde quand on a décidé de lui tourner le dos ? Et que viennent faire là-dedans Paimpol, l’Islande, les goélettes et la philatélie ? Ça, il n’en sait rien encore, nous non plus, on va bien voir. Évoquant Bartleby et Blondin, Échenoz et Jarmusch par son humour autant que son univers mystérieux. En face nous embarque dans un drôle de périple, bercé de ritournelles et ponctué d’images fabuleusement déjantées. On s’y plonge comme dans une énigme; on en sort comme d’un songe.


SES BONNES ADRESSES :

Studio Harmonic (5 Passage des Taillandiers, 75011 Paris) : là où Pauline fait de la danse plusieurs fois par semaine. « C’est le cours de Julien Desplantez. Grand lecteur, il a toujours un livre sous le bras en arrivant à son cours! »

 Fromagerie Laurent Dubois (47 ter boulevard Saint-Germain, 75005 Paris) où le fromager préféré de Pauline lui sert sa commande tout en parlant de littérature.