FRÉDÉRIC

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La bibliothèque – La bibliothèque de Frédéric se trouve dans la pièce où il travaille depuis plus de 20 ans. L’atmosphère y est feutrée, douce, préservée du monde extérieur et pourtant chaque livre est une ouverture vers la culture, l’autre et le monde. Frédéric apprécie ce calme dont il a besoin pour son travail (il est avocat). Autres éléments du décor : le piano sur lequel il aime jouer de temps en temps, la cheminée dont il se sert en hiver, le bar à liqueur et la cave à cigares pour les fins de journées. On devine le goût de Frédéric pour les bonnes et belles choses. « Vous voyez, je prends soin de moi » nous dit-il en riant. En fond musical, on reconnaît un opéra de Vivaldi et un thé fumé et fumant nous attend sur la table. On prend aussi soin de nous.

Pour la bibliothèque, d’emblée Frédéric nous fait une confidence : « C’est une bibliothèque Ikea customisée par un menuisier ». Le résultat est convaincant. Pour son agencement, Frédéric a favorisé un classement agréable à l’œil mais pas très pratique pour retrouver les ouvrages, reconnaît-il. Les livres de poches sont regroupés ensemble, les éditions de la Pléiade aussi. Sur les étagères les plus hautes, une collection de livres anciens. « Il y a là quelques pépites qui me réjouissent, s’enthousiasme Frédéric en attrapant un livre. À lire celui-ci, on risque l’excommunication. » Il l’ouvre et lit : « Ceux qui liront ou entendront lire ce livre encourront l’excommunication qui ne pourra être levée. » Nous voilà averties.

Pour lutter contre la surcharge des étagères, Frédéric a trouvé une solution. Elles se vident autant qu’elles se remplissent. « J’ai recommencé à prêter mes livres tout en sachant qu’ils ne reviendront pas. Ainsi, j’organise les sorties pour pouvoir accueillir de nouvelles entrées. » L’idée lui est venue à Vienne en visitant la maison de Freud. Au sujet de sa collection de statuettes égyptiennes, Freud avait écrit : « Une collection qui ne s’agrandit pas est une collection qui meurt ». Il faut donc que la bibliothèque vive.

Lectures – Il y a quinze ans, sa vie de lecteur a connu un tournant décisif. « Au cours d’un été – sans femme, précise-t-il ! – j’ai lu François Mauriac dans la Pléiade. Ça a été une révélation. » À partir de ce moment, il lit différemment, choisit chaque titre et commence à se constituer avec sérieux sa bibliothèque. Frédéric attrape son exemplaire de Mauriac, sur la page de garde il a noté quelques phrases : « Dans les bouteilles ténébreuses survivaient les étés d’un siècle commençant. », « Le luxe, ce par quoi toutes elles se rendent. » Frédéric commente : « Mauriac a des phrases fulgurantes et une vraie sensualité. C’est ce qui me touche le plus chez lui. »

Un jour, nous raconte Frédéric, alors qu’il contemple la Méditerranée en buvant du vin il prend conscience que depuis 2000 ans les hommes font ça. Il n’a pas les mots pour décrire ce qu’il ressent. Mais quelques années plus tard, il trouve une phrase dans un livre de Jean d’Ormesson qui décrit ce qu’il avait ressenti : « Nous nous baignions dans la mer des héros et des dieux. » La littérature met des mots sur ce que chacun ressent. C’est là sans doute le pouvoir des écrivains.

Élégance et fantômes – En passant en revue les ouvrages qui ont marqué Frédéric, on note un véritable attachement à une certaine forme d’élégance et un goût pour les bons mots. Le théâtre de Guitry : « Quelle élégance, quel humour ! » Les mémoires de Casanova aussi. La Correspondance de Voltaire : « Là c’est légèreté ET élégance ! On a tendance à oublier à quel point notre langue est belle ! » Pour ne pas l’oublier, Frédéric aime lire à haute voix. Il voudrait justement nous lire des passages du Dernier amour d’Aramis de Jean-Pierre Dufreigne, mais impossible de mettre la main dessus. « Cette bibliothèque est hantée. C’est certain ! Je ne retrouve rien ! » peste-t-il avec le sourire. Il faudrait la perspicacité d’un Sherlock Homes pour s’y retrouver. Ça tombe bien Frédéric aime lire et relire ses aventures.


QUELQUES LIVRES À EMPRUNTER À FRÉDÉRIC :

Œuvres romanesques et théâtrales complètes, Vol. 1 de François Mauriac, Bibliothèque de la Pléiade, 1978

Histoire de ma vie, Vol. 1 de Giovanni Giacommo Casanova, Bibliothèque de la Pléiade, 2013 : Vénitien, beau parleur, imposteur, séducteur, homme de lettres, Casanova est apparemment l’une de ces figures d’aventuriers qui traversent le XVIIIe siècle. Voyageur infatigable, parfois pourchassé par la police, il franchit les frontières, change d’apparence selon les circonstances, et même de nom. Sa dernière aventure – celle qui le rend à jamais mémorable – est en effet l’écriture de ses mémoires, kaléidoscope offrant le portrait fragmenté de l’homme «le plus vivant de tous les vivants» (Zweig). Né dans la ville du théâtre et du carnaval, fils de comédien, Casanova s’y fait le metteur en scène de sa propre vie. Dans un français teinté d’italien, langue chatoyante dans laquelle il voyait la «physionomie» propre de son style, il y exhorte à un hédonisme jouisseur.

Les Miscellanées de Mr. Schott de Ben Schott, Allia, 2005 : Compromis entre le dictionnaire, l’almanach, le fourre-tout, le vade-mecum, etc., cet ouvrage contient des informations comme le nom et la composition des différentes sortes de sushis, le nom des coups de golf, la liste des insultes utilisées pas Shakespeare dans ses pièces, les fournisseurs officiels de la reine d’Angleterre, les couleurs du drapeau de la Guadeloupe, etc

Correspondance, Tome 1 de Voltaire, Bibliothèque de la Pléiade, 1978 : Voltaire (1694-1778) a donné son nom au XVIIIe siècle comme Louis XIV avait imposé le sien au siècle précédent. Il a révélé à l’Europe une royauté nouvelle, celle de l’esprit. Insatisfait de déployer le sien dans les formes traditionnelles de la tragédie et de l’épopée, il a mis toute son ironie au service des libertés et des Lumières dans les lettres qu’il a écrites par milliers, dans des pamphlets qui sont autant d’appels à l’opinion et dans des contes dont Candide reste le plus frappant. L’affaire Callas autorise à considérer comme le premier intellectuel moderne celui dont on a fait parfois le symbole de l’esprit français.


SES BONNES ADRESSES :

La librairie Titre pour les bons conseils (24 rue Sylvabelle, 13006 Marseille).

Frédéric nous conseille un voyage en Italie, en voiture avec un opéra de Vivaldi pour la bande-son.