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TIMOTHÉE

  • The Archivists
  • 17 mai 2015
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 mai




La bibliothèque – Timothée nous avait mis en garde : « Je vous reçois avec grand plaisir mais seulement 25 % de mes livres sont dans mon appartement parisien. Il m’en manque plus de 2000 qui sont éparpillés à l’extérieur». Après une rapide équation de notre part, le rendez-vous fut pris. En arrivant, on ne le regrette pas : des livres il y en a. En quantité et bien ordonné. Dans le salon : la littérature, les ouvrages philosophiques et poétiques. Dans la chambre : les ouvrages théoriques sur l’art, le cinéma, les monographies d’artistes contemporains et expositions collectives – chaque catégorie est rangée par ordre alphabétique. Timothée est commissaire d’exposition et ici il ne peut pas le cacher : l’art est partout. Dans les livres, mais aussi à travers les nombreuses œuvres d’artistes que l’on trouve au fil de la visite. On passe autant de temps à regarder les tableaux, dessins, photos que les livres. L’ensemble est savamment organisé, il y a beaucoup de choses à voir, mais rien ne semble de trop. Une prouesse que l’on doit sans doute au métier de Timothée. On a la déformation professionnelle qu’on mérite.

Bon, et alors, où se trouvent les livres qu’on ne peut pas voir ici ? « Ils sont éparpillés entre chez mes parents dans le Sud, chez ma marraine en Normandie et à New York. » Timothée y a habité quelques années. Un regroupement est-il envisagé ? « Vous savez quand on est passionné de livres, la question de l’encombrement se pose… je n’ai pas la place de tout avoir ici. » Et Timothée ajoute que les livres peuvent étouffer : « ils sont gorgés d’histoires après tout ».

Enfance et lectures – « Commençons par le début » propose Timothée qui aime donc l’ordre et la chronologie. Son premier souvenir est lié à un « livre-doudou en tissu » fabriqué par sa grand-mère. Il peut encore sentir la douceur de l’objet en fermant les yeux. Malheureusement, le livre est passé par la fenêtre d’une voiture lorsqu’il avait 5 ans. Premier déchirement – mais il s’en est remis. Deuxième souvenir, encore l’enfance : dans son parc à jouets, il feuilletait des catalogues de papier peint. Il sent encore sous ses doigts les différentes matières des papiers. Souvenir tactile. Pour lui les les livres sont liés aux sens. Autre souvenir : une collection de revue sur les grands musées du monde. Timothée avait une attirance particulière pour les images religieuses, les scènes de crucifixion et d’annonciation. Ses lectures d’enfant laissaient la nurse perplexe. C’était la naissance d’une vocation. Mais l’art fut une passion tardive. Avant de suivre cette voie, Timothée a emprunté plusieurs chemins, toujours plus ou moins liés à ses lectures. Il lit des livres sur l’Égypte, se passionne et veut être archéologue. Après un stage, il abandonne. « Quel ennui ! » Il dévore les livres de Patricia Cornwell, c’est décidé, il sera médecin légiste. Là encore, il trouve un stage : « Mais à la première goutte de sang, j’ai vu tout noir puis tout blanc. » Il abandonne. Comme quoi, la vie n’est pas toujours comme dans les livres. Ils ont pourtant été pour Timothée une façon d’apprendre, de comprendre le monde de façon autonome. « Mais le livre peut aussi te placer à côté de notre époque, te faire sortir de la norme, surtout à l’adolescence quand tu es le seul à lire ! »

En ce moment, Timothée préfère les formes courtes de narration, comme la poésie et les nouvelles. Celles de Jean-Jacques Schuhl par exemple. Sur sa table de chevet, on trouve : un recueil d’Aragon, les Dialogues de Duras et Godard et un essai Philosopher ou faire l’amour de Ruwen Ogien. « J’aime aussi les écrits d’artistes, les livres d’entretiens et les catalogues d’exposition. » précise Timothée. « Si tu n’as pas la possibilité d’avoir une œuvre d’un artiste, tu peux au moins avoir ses images…»

Papier et trappiste – Le grand-père de Timothée était moine trappiste et avait la charge de la bibliothèque. Sa maison était envahie de livres qu’il aimait partager avec tout le monde. La bibliothèque comme lieu de savoir et de transmission. Le penchant pour le papier, le goût des livres, c’est donc une histoire de famille pour Timothée qui reconnaît avoir été « bordé » de livres. L’imprimé devient un objet de culte. « L’une de mes grandes craintes : que ma bibliothèque brûle ! » On le comprend ![/vc_column_text][vc_column_text]

QUELQUES LIVRES À EMPRUNTER À TIMOTHÉE :

Obsessions de Jean-Jacques Schuhl, Gallimard, 2014 :onze nouvelles oniriques que Timothée affectionne particulièrement.

Des souris et des hommes de John Steinbeck, Gallimard, 1939 : le roman le plus connu de l’auteur se déroule aux Etats-Unis pendant la crise des années 30. Deux hommes rêvent d’avoir un petit lopin de terre. C’est le seul roman pour lequel Timothée a pleuré.

Salopes de Denis Cooper, POL, 2007 :Un roman choquant, d’une rare violence mais évidemment marquant. C’est la recherche d’un escort boy disparu, et l’évocation de son itinéraire, qui fournit la trame de ce roman que le brouillage des identités et la déréalisation introduite par l’utilisation du cyberspace portent à un point d’intensité où recherche esthétique et fantasme se conjuguent.

Andy Warhol. Entretiens 1962-1987 de Kenneth Goldsmith, Grasset, 2006 : Kenneth Goldsmith a choisi 37 entretiens de Andy Warhol sur la centaine que l’on peut aujourd’hui inventorier dans les Archives du Musée Andy Warhol de Pittsburgh. Certains sont inédits, d’autres publiés dans des revues aujourd’hui introuvables. Ils couvrent une grande variété de sujets : la peinture, le cinéma, la télévision, l’argent, la photographie, la mode, le sexe, la célébrité, la mort… Ce sont des textes, étranges, drôles, incisifs, qui dévoilent une personnalité en perpétuelle évolution. La mosaïque qu’ils composent offre un témoignage exemplaire sur l’une des périodes les plus fécondes de la culture américaine.

The Universal Addressability of Dumb Things, Marck Leckey, Hayward Publishing : le beau catalogue d’une exposition sur le « techno-animisme » où des objets inanimés prennent vie grâce à la technologie. Leckey juxtapose art contemporain, technologie, objets archéologiques et documents archéologiques.


SES BONNES ADRESSES :

Pour lire dans des décors de rêve : le parc public duPalazzo Savorgnan à Venise et la plage EspadillaSur du Parc National Manuel Antonio au Costa Rica.

Le cinéma Utopia à Avignon.

Le café Rose Bakery dans le Marais à Paris (30 Rue Debelleyme, 75003 Paris) et Bakeride Williamsburg à Brooklyn (150 Wythe Avenue, Brooklyn, NY 11211).


 
 

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