NINN
- The Archivists
- 22 févr. 2016
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 avr.

La bibliothèque – Ninn nous reçoit dans la pièce principale de sa maison : une véranda baignée de soleil. En néo-marseillais, Ninn et son mari Guillaume entendent bien profiter de la lumière méditerranéenne toute l’année : « L’été, c’est notre salon, l’hiver, notre salle à manger ! » explique-t-elle. La décoration naturelle, bohème et d’inspiration zen est d’une simplicité apaisante. On se sent bien. On a envie de se laisser tomber dans un des fauteuils et de laisser partir les heures du jour. Depuis une grande volière, une famille de perruches Catherine (c’est leur nom !) se charge du fond sonore.
Les livres, nous les trouvons dans des paniers disposés entre la véranda et le séjour. « Avant qu’on emménage dans cet appartement, la bibliothèque occupait toujours un mur entier. Mais ici, nous avons un problème d’espace : il y a trop de fenêtres. » Et il fallait aussi garder une pièce dédiée pour leur collection d’instruments de musique afghans. Alors les paniers se sont imposés. « J’avais aussi envie d’une décoration plus zen où le livre ne domine pas » reconnaît Ninn. Ce qui a été un vrai gain d’espace s’est révélé une fausse bonne idée : « Je ne retrouvais jamais aucun des livres que je cherchais » Encore aujourd’hui, Ninn ne sait pas toujours où se trouve ses livres préférés. « Mais maintenant, je m’y suis habitué. Et ce sont comme des paniers surprises, je ne sais jamais sur quoi je vais tomber et cela me permet de relire des livres que je n’aurais pas pensé relire ». La joie de redécouvrir les livres de sa bibliothèque – ne dirait-on pas ici panier-thèque ?
Lectures – Si Ninn a découvert les plaisirs de la lecture vers l’âge de 15 ans avec Notre Dame de Paris de Victor Hugo, elle s’intéresse aujourd’hui moins aux romans qu’aux récits. Les œuvres de Evguénia Ginzbourg – Le vertige et Le ciel de Kolyma – l’ont beaucoup marquée. « Ma mère est ukrainienne, alors j’ai eu besoin de comprendre l’histoire de ce pays » nous confie-t-elle. Elle aime aussi les histoires d’aventures comme celle que Slavomir Rawicz raconte dans A marche forcée, les récits de voyages, notamment sur l’Inde, pays qui la fascine. On trouve aussi des livres d’artistes qui l’inspirent particulièrement, de Patti Smith à Louise Bourgeois.
En fouillant dans un autre panier, on découvre de nombreux livres sur la décoration intérieure. « L’une de mes grandes passions ! » dit-elle en attrapant Bohemian Living de Barbara Bestor : « Ce genre d’atmosphère correspond à mon univers, à ce que j’aime avoir autour de moi. »
Masques – Ninn et Guillaume se sont installés à Marseille il y a quelques mois. « Nous avons eu un vrai coup de foudre pour la ville, dès notre première visite. » Le changement de vie a été radical. D’autant qu’ils ont ouvert récemment, à deux pas du Vieux-Port, leur boutique-atelier Ninn Apouladaki. « L’histoire de cette boutique est étroitement liée à celle de notre couple » raconte Ninn. « J’étais fascinée par les maquillages que les femmes kosovares portent le jour de leur mariage. J’avais décidé d’aller rencontrer la dernière personne au monde capable de dessiner ainsi sur le visage des futures mariées. » Elle venait juste de rencontrer Guillaume et lui propose alors de l’accompagner. « Il n’a pas hésité ! » À leur retour, ils décident de se marier. En souvenir de ce voyage, Ninn créé des masques pour leurs invités, imprégnés de la magie des contes slaves de son enfance. Mais submergés par l’émotion, le jour du mariage ils oublient d’offrir les masques.
Ne sachant qu’en faire, Ninn décide de les vendre en ligne. Le succès est immédiat. Poussée par cet engouement inattendu, elle crée de nouvelles collections et décline son univers poético-féérique, qu’on retrouve, évidemment, aujourd’hui dans la boutique.
QUELQUES LIVRES À EMPRUNTER À NINN :
Le vertige et Le ciel de la Kolyma de Evguénia Ginzburg, Points : Le vertige, c’est ce qu’a éprouvé l’auteur lorsque, professeur à l’université de Kazan, militante communiste qui n’avait jamais douté de la légitimité du parti, elle fut arrêtée et condamnée à dix-huit ans de réclusion dans les camps de la Kolyma en Sibérie pour un crime politique imaginaire. Un témoignage exceptionnel sur le Goulag, au temps de l’URSS stalinienne.
A marche forcée de Slavomir Rawicz, Phébus : En 1941, une petite troupe de bagnards s’évade d’un camp russe situé tout près du cercle polaire…et de gagner l’Inde à pieds. Quatre d’entre eux y parviendront au terme d’une odyssée extraordinaire. Ce récit est inspiré d’une histoire vraie.
Destruction du père/reconstruction du père de Louise Bourgeois, Daniel Lelong éditeur :Ouvrage publié à l’occasion d’une exposition d’estampes de Louise Bourgeois à la Galerie Lelong, il s’avère essentiel pour entrer profondément dans l’oeuvre de cette artiste dont le travail s’est sans cesse nourri de l’histoire de sa famille.
Just Kids de Patti Smith, Denoël :C’était l’été où Coltrane est mort, l’été de l’amour et des émeutes, l’été où une rencontre fortuite à Brooklyn a guidé deux jeunes gens sur la voie de l’art, de la ténacité et de l’apprentissage. Patti Smith deviendrait poète et performeuse, et Robert Mapplethorpe, au style très provocateur, se dirigerait vers la photographie. Liés par une même innocence et un même enthousiasme, ils traversent la ville de Brooklyn à Coney Island, de la 42e Rue à la célèbre table ronde du Max’s Kansas City, où siège la cour d’Andy Warhol. En 1969, le couple élit domicile au Chelsea Hotel et intègre bientôt une communauté de vedettes et d’inconnus, artistes influents de l’époque et marginaux hauts en couleur. Just Kids commence comme une histoire d’amour et finit comme une élégie, brossant un inoubliable instantané du New York des années 60-70, de ses riches et de ses pauvres, de ses paumés et de ses provocateurs. Véritable conte, il retrace l’ascension de deux jeunes artistes, tel un prélude à leur réussite.
Fous de l’Inde de Régis Airault, Payot :En s’appuyant sur sa propre expérience professionnelle, l’auteur tente d’expliquer l’étrange comportement de certaines personnes ayant été atteintes du syndrome indien. Il part du postulat selon lequel il est facile de perdre le contact avec la réalité alors que l’on est un jeune Occidental à la recherche de sensations et spiritualités nouvelles.
Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés, Grasset : Psychanalyste et conteuse, l’auteur explique que le temps est revenu pour les femmes de retrouver leur nature instinctuelle fondamentale : créatrice, noblement sauvage comme les loups. Pour cela, il faut suivre les mythes, les histoires et les contes du monde entier.