top of page

JULIA

  • The Archivists
  • 18 sept. 2017
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 mai



Bibliothèque et liseuse – Julia Minkin, originaire de Chicago, vit depuis trois ans à Marseille. Elle s’excuse d’emblée : « Mes livres se trouvent encore à Chicago ». Seuls quelques ouvrages ont traversé l’atlantique et surtout Otto, son chat. « Otto, c’est ma famille en France ! » lâche-t-elle dans un sourire. Elle possède tout de même une petite bibliothèque dans sa chambre, son espace personnel. Elle partage en effet l’appartement avec un autre colocataire. Avant de visiter la chambre, coup d’œil par le balcon. « Je suis bien ici, toute cette lumière ! » En repassant devant la table basse, des dessins et des écrits attirent notre regard : « Ce sont des cadavres exquis que l’on réalise avec des amis ! »

Dans la bibliothèque, quelques livres essentiels, mais pas les dernières lectures. L’explication est simple : Julia utilise souvent une liseuse. « C’est tellement pratique pour lire en anglais. Je peux depuis ma liseuse emprunter des livres de la bibliothèque de Chicago. » Effectivement, c’est commode. Julia détaille les avantages de la liseuse : « C’est léger, idéal pour voyager et il y a un dictionnaire intégré. » Et surtout : « Avec la liseuse, tous les livres sont égaux : pas de couverture, pas de nombre de pages. On ne peut pas les juger au premier regard, se laisser décourager par un trop gros volume. Reste seulement le texte ! » Un inconvénient ? : « Oui, j’oublie davantage les livres que je lis sur la liseuse que ceux que je lis en papier. Et ce n’est absolument pas adapté pour lire de la poésie ! ».

Lectures – Julia lit beaucoup de poésie. Emily Dickinson, Sylvia Plath, Pablo Neruda. Maggie Nelson aussi, chez qui elle aime le mélange entre poème en prose et non fiction. Pour les romans, elle constate qu’il y a principalement des auteures : Virginia Woolf, Jane Austen, George Eliot – pour les classiques. Parmi les auteurs plus contemporains, elle a une affection particulière pour Jenifer Egan et lit en ce moment Gender Trouble de Judith Butler. « J’essaie de faire mon éducation féministe ». Une autre de ces dernières lectures : I love dick de Kris Kraus. « L’auteur explique que lire est plus satisfaisant que le sexe. Que cela donne ce que le sexe promet. C’est-à-dire de pouvoir rentrer dans les pensées et le cœur de quelqu’un. » Julia aime bien cette idée. Quand elle tombe sur une histoire qu’elle aime, elle garde l’auteur ou les personnages longtemps auprès d’elle. Comme après une étreinte.

Ecrire – On ne l’a pas dit, mais Julia est chanteuse dans le groupe indé Kid Francescoli. Pour le groupe, elle écrit – de la musique et des paroles. Pas assez régulièrement, regrette-t-elle. Les livres sont sa première source d’inspiration. « Sans les livres des autres, je ne serais pas une bonne auteure. » D’ailleurs, ouvrons une parenthèse : Julia revient sur une de ses dernières lectures Girl in a band de Kim Gordon, l’autobiographie d’une chanteuse. « Le contexte est complètement différent, mais je me suis beaucoup retrouvée quand elle parle de ce que c’est d’être une femme dans un groupe, et aussi sur scène. Ce que cela implique. » On imagine. Fermons la parenthèse, retour aux sources d’inspiration. Elle cite notamment Leonard Cohen. « Dans la pop musique, on dit que tout le monde se fiche des paroles. Chez Cohen, c’est tout le contraire. Chez lui, ce sont les mots avant le rythme. » Évidemment, on tombe d’accord sur Halleluja. Mais Julia nous recommande également You’d sing too, un texte dans lequel l’artiste explique pourquoi il chante. On promet de le lire.



LIVRES À EMPRUNTER À JULIA :

Qu’avons-nous fait de nos rêves de Jennifer Egan, Stock : Sasha a une petite trentaine. Elle vivote à New York, après avoir quitté son poste d’assistante de production dans une grande maison de disques. On la découvre sur le canapé de son psychothérapeute, tentant de régler son problème de kleptomanie et de remettre de l’ordre dans sa vie. Sans amis, sans travail, elle est une âme solitaire et prédatrice. Bennie, lui, a la quarantaine passée. Ancien producteur star des Conduits, un groupe de rock emblématique, il se contente désormais d’éditer des tubes insipides. Divorcé, il essaie d’entretenir des liens avec son fils, sans trop y parvenir. Déprimé, il n’arrive même plus à avoir la moindre érection.

D’une écriture acérée, Jennifer Egan nous plonge dans la conscience et l’histoire de ces deux personnages dont les chemins un jour se sont croisés. Jeune homme timide, Bennie se passionna pour le punk, dans un San Francisco débridé. Adolescente au tempérament fougueux, Sasha partit pour Naples afin d’oublier des parents destructeurs. Une foule de personnages jalonnent leur existence, qu’il s’agisse de Lou Kline, le mentor allumé de la bande, ou de l’oncle de Sasha, un homme au bord du gouffre. Ces histoires de vie s’enchaînent, des personnalités très fortes se dégagent, une véritable tension naît autour de leurs destinées. En restituant le passage du temps et les aléas du désir, Jennifer Egan ausculte notre capacité à avancer et à devenir ce que nous sommes, sans rien nier du passé.

Middlemarch de George Eliot, Gallimard :  (1871-1872) est sans doute le plus beau roman de George Eliot, en tout cas son roman le plus complet (le sixième sur sept). Deux intrigues sentimentales principales, l’histoire des deux mariages de Dorothea et le mariage malheureux de Lydgate, jeune médecin ambitieux, avec la vulgaire Rosamond Vincy, se détachent sur un fond foisonnant de personnages et d’événements, d’épisodes intéressants, amusants, émouvants. Un des charmes de George Eliot est dans cette surabondance de détails.

Bonjour tristesse de Françoise Sagan, Julliard : Prise d’une jalousie incontrôlable à l’égard de la maîtresse de son père, veuf depuis plusieurs années, Cécile, une adolescente oisive et gâtée, va jusqu’à provoquer la mort de celle qu’elle considère comme sa rivale. Publié en 1954, est un livre culte depuis 60 ans.

I love dick by Chris Kraus, Flammarion : C’est l’histoire d’une femme qui devient folle, folle amoureuse d’un homme prénommé Dick qu’elle n’a rencontré qu’une seule fois en compagnie de son mari. Pour tenter de composer avec cette obsession elle choisit d’écrire à cet homme. Par jeu ou par défi, son mari décide de lui écrire à son tour. De cette situation triangulaire insolite, Chris Kraus tire une méditation subversive sur la place des femmes dans le couple et dans le monde d’aujourd’hui. Elle pousse l’exploration du désir féminin à son comble, nous entraîne dans les tréfonds d’une quête acharnée qui la conduit à traverser l’Amérique et à faire chemin seule, dans l’espoir d’une possible renaissance.

C’est donc moins à une relecture des que de à laquelle nous invite Chris Kraus dans ce livre culte qui efface les limites entre fiction, essai et récit autobiographique pour mieux sonder les multiples visages du discours amoureux.



Posts récents

Voir tout

The Archivists

1730, chemin de Bibemus

13100 Aix-en-Provence

  • Facebook
  • LinkedIn
  • Instagram

Merci pour votre envoi !

bottom of page