CÉLINE

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La bibliothèque – Céline vit depuis 11 ans dans cet appartement du xxe arrondissement de Paris, mais elle le connaît depuis toujours : il appartenait à ses grands-parents. « C’est aussi mon lieu de travail » précise Céline, traductrice de l’anglais au français. Pas besoin de chercher la bibliothèque : on trouve des livres partout. Dans son bureau, dans la chambre et le séjour – sur des rayonnages faits par son père –, mais aussi en dehors des étagères. Les livres font partie intégrante de la décoration. « Il y a un classement par éditeurs sauf quand je me laisse déborder, ce qui est le cas ! » s’amuse-t-elle. Un livre qu’on expose est un livre de moins à classer. On tombe sur Silvia de Leonard Michaels. « Un auteur essentiel dans mon parcours de traductrice. Il est important pour moi de l’avoir en permanence sous les yeux. »

Devant la bibliothèque du salon, Céline explique : « Ici, ce sont les livres liés au passé. Je me sens parfois envahie mais ça reste une bibliothèque très vivante. » Rien n’est figé chez Céline. Avec les livres, on trouve des objets rapportés d’ici ou là, offerts par sa famille, des amis. Des souvenirs, donc. La peluche coccinelle ? « C’est mon père qui me la ramenée quand j’étais petite, de Tunisie, il me semble. Curieux, non ? » Il y a une pierre de Petra en Jordanie, et une autre de Buenos Aires, offerte par un vieil homme avec qui elle s’était liée d’amitié. Chaque objet a une histoire. Comme dans les livres.

Les romans qu’elle a lus lui rappellent les périodes de sa vie et ceux qu’elle n’a pas lus la rassurent : « Toutes ces merveilles qu’il me reste à découvrir ! » Et Céline conclut : « c’est réconfortant un livre, c’est aussi un bon isolant du monde extérieur. »

Lectures – De par ses études et son métier, Céline a évidemment beaucoup lu de littérature anglo-saxonne. Elle avoue un faible particulier pour Faulkner et McCarthy. Et évidemment pour les auteurs qu’elle traduit, parmi eux : Owen Marshall, Leonard Michaels, Don Carpenter, Jeanette Winterson, Renata Adler, Peter Heller. « Aujourd’hui, pour mes lectures personnelles, je me tourne plus volontiers vers la littérature française, italienne, sud-américaine ou allemande. » Elle a récemment lu et adoré Boussole de Mathias Enard, « C’est d’un grand romantisme, d’une mélancolie absolue. »

Mais il n’y a pas que la littérature pour Céline. « J’ai un rapport assez compulsif aux images. J’ai besoin de les accumuler. Ça ne me suffit pas de les avoir en tête. » De nombreux livres d’art et catalogues d’exposition l’entourent. Elle attrape La passion selon Carol Rama : « Celui-ci, je l’aime particulièrement. L’exposition de cette artiste italienne m’avait renversée. Il fallait que j’aie ces images à la maison ! »

Traduction – Céline est gaie et enthousiaste. Son lumineux appartement dégage une grande sérénité. Pas du tout l’antre sombre où s’échine la traductrice tourmentée qu’on imaginait. « C’est parce que je me connais bien maintenant: je gère ma discipline et mon stress ! » Reste toujours une appréhension entre deux traductions : « C’est un moment charnière : il y a l’angoisse de laisser partir la traduction achevée et l’inquiétude de découvrir les difficultés de celle qui arrive ». Récemment, elle a pleuré en quittant les personnages d’une traduction : « Dès la première page, j’ai eu l’impression de les connaître depuis des années. La séparation a été d’autant plus douloureuse ! » On observe son bureau : il y a de nombreuses images – « à la fois divertissantes et réconfortantes » – une main en bronze – « un cadeau de mon parrain pour mes 18 ans, elle me sert à maintenir ouverts les livres pendant que je travaille » – des feuillets remplis d’annotations mystérieuses – « Je note les difficultés sur une feuille pour y revenir. Ensuite, en phase de ré-écriture, je fais des bâtons pour mesurer mon avancement… » «  Comme les prisonniers… », ajoute Céline en riant. Un des auteurs qu’elle traduit est tombé sur l’un de ces feuillets : « Il m’a d’abord pris pour une folle. Mais finalement je suis toujours sa traductrice ! »


QUELQUES LIVRES À EMPRUNTER À CÉLINE :

Retour dans l’œil du cyclone de James Baldwin, Editions Christian Bourgois, 2015 : les quatorze essais regroupés dans ce volume, publiés à l’origine dans divers journaux et revues, couvrent une période allant de 1960 à 1985. James Baldwin y évoque les marches pour les droits civiques,  les raisons de son exil en France, ses rencontres avec Martin Luther King, sa critique de l’éducation aux États-Unis ou encore sa célébration de la langue noire. Explorant les tensions et non-dits qui touchent son pays, Baldwin offre une analyse pertinente, sévère et subtile de la société américaine qui n’a rien perdu de son actualité ni de sa nécessité.

Huit quartiers de roture de Henri Calet, Le Dilettante, 2015 : une petite randonnée intime et érudite au cœur historique des XIXe et XXe arrondissements de Paris.

Boussole de Mathias Enard, Actes Sud, 2015 : La nuit descend sur Vienne et sur l’appartement où Franz Ritter, musicologue épris d’Orient, cherche en vain le sommeil, dérivant entre songes et souvenirs, mélancolie et fièvre, revisitant sa vie, ses emballements, ses rencontres et ses nombreux séjours loin de l’Autriche – Istanbul, Alep, Damas, Palmyre, Téhéran… –, mais aussi questionnant son amour impossible avec l’idéale et insaisissable Sarah, spécialiste de l’attraction fatale de ce Grand Est sur les aventuriers, les savants, les artistes, les voyageurs occidentaux. Ainsi se déploie un monde d’explorateurs des arts et de leur histoire, orientalistes modernes animés d’un désir pur de mélanges et de découvertes que l’actualité contemporaine vient gifler.

Peindre, pêcher et laisser mourir de Peter Heller, Actes Sud, 2015 : Peintre en vogue, pêcheur ardent, philosophe artisanal, Jim Stegner tombe dans un engrenage fatal le jour où, témoin accidentel, il prend la défense d’une petite jument maltraitée. C’est qu’il est un poil sanguin, ce père orphelin, en quête d’une sérénité à jamais perdue avec sa fille violemment arrachée à la vie, son mariage pulvérisé, son rapport au monde passablement conflictuel. Pour ne rien arranger, l’homme est profondément allergique à l’injustice, et dangereusement réactif à la violence. Pourtant, au large de la petite ville de Paonia, Colorado, concentré sur une discipline et une sobriété appliquées, c’est dans l’exercice de son art que le peintre tente de tout canaliser : la douleur, la colère, la peur même. Et voilà que, du jour au lendemain, son quotidien vire à la course poursuite permanente : Jim devient la proie mouvante – et la terreur numéro un – d’une bande de solides ordures qui ne plaisantent pas avec la vengeance.

Manifeste incertain de Frederic Pajak, Les éditions Noir sur Blanc, 2012 : Des souvenirs éparpillés, la rumeur de la mer furieuse, Samuel Beckett, Bram van Velde, le retour des Esprits, deux jeunes fascistes à la fin des années 1980, et puis Walter Benjamin, rêveur abîmé dans le paysage, qui s’interroge sur l’avenir du roman, sur l’Histoire, sur l’avènement du nazisme et de la culture de masse. Après un premier séjour en 1932 sur l’île d’Ibiza, fuyant Berlin, il y retourne en 1933. C’est l’heure du basculement, de l’exil définitif, de la pauvreté et de la solitude.

Un métier idéal de John Berger et Jean Mohr, L’Olivier, 2009 : Berger et Mohr ont suivi pendant deux mois un médecin de campagne dans le moindre de ses déplacements. Passant de l’enquête à la réflexion, relatant quelques-unes de ses interventions avant d’explorer la nature de sa relation aux patients – un mélange complexe d’autorité, de fraternité et d’intimité – et d’élargir leur propos à une méditation sur la valeur que nous accordons à la vie humaine, ils ont composé un livre unique et passionnant qui, quarante plus tard, n’a pas pris une ride. Publié pour la première fois en Angleterre en 1967, Un métier idéal se situe dans une filiation qui remonte à George Orwell et préfigure les « écrivains d’investigation » les plus actuels.


SES BONNES ADRESSES :

Les librairies Le comptoir des mots (239 Rue des Pyrénées, 75020 Paris) et L’atelier (2 bis Rue du Jourdain, 75020 Paris).

Le Café Charlotte, « parfait pour boire un verre avant le cinéma ou pour y travailler » (4 Rue Belgrand, 75020 Paris).

Aux ours, « bar bien connu du quartier mais toujours très sympa » (236 Rue des Pyrénées, 75020 Paris).